KikouBlog de philtraverses - Juin 2010
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encore un circuit dans la caranca

Par philtraverses - 28-06-2010 18:42:28 - 5 commentaires

La semaine a été dure. Stress, surmenage.Je tiens sur les nerfs. Comme souvent en ces occasions le stress détruit mes défenses immunitaires ou les affaiblit considérablement. Ca n'a donc pas loupé. Un matin je me suis réveillé avec une belle angine et une sinusite.

Ce samedi le réveil sonne : 5 h du matin. Je me sens vidé, comme si j'étais févreux. Mais j'ai décidé de profiter du beau week end qui s'annonce. Force doit rester à la volonté. Il faut mater le corps comme disait Montherlant.. Bien sur je n'en crois pas un mot. Un peu plus de deux heures 15 plus tard me voila au dessus de prats balaguer.

Le ciel est dégagé sans un nuage. il n'est pas encore huit heures du mat. La météo annonce une dégradation orageuse vers 14 h.

voila pourquoi je suis parti tôt. Je commence donc ce circuit dans la caranca que j'affectionne particulièrement. C'est d'abord la montée vers col mitja, l'un des plus beaux cols des Pyrénées, large évasé, reconnaissable entre tous.

 

 

Les jambes sont assez faibles.Le souffle court. le palpitant assez élevé d'entrée. Bref la forme n'est pas la.

 

Au col mitja

Une fois au col atteint en une petite heure pour 800 D+ je redescends en 30 mn vers le refuge de la caranca par une descente en plein soleil, aride. la tempête a fait des dégats et quelques pins jonchent le sol, cachant le chemin par endroits.

Une vue sur la longue et large vallée de la caranca avant le refuge.

 

je ne m'attarde pas au refuge . Je passe au milieu d'un troupeau de vaches. Heureusement que le montagne vit encore et fait vivre et n'est pas encore un stade pour citadins.. ceci dit sans critique . Passé le refuge j'ai une soudaine défaillance. Une grande soif, les jambes qui flageolent. Sans doute un des effets de mon angine, sinusite etc. J'atteins le grand lac de la caranca, joyau dans l'écrin des montagnes.

Le lac de la caranca.

 

Je continue ma longue montée pathétique, scotché à la pente. Pourtant j'arrive à doubler un groupe de jeunes espagnoles. J'atteins enfin l'étang noir situé à 2500 m d'altitude. l

Plus haut presque sous le col frontière de la vaca, je rejoins le petit étang bleu encore enchassé en partie dans la neige.

 

 

Enfin me voila au col de la vaca. Le plus dur est fait et la longue crete frontière, qui inspire la paix dans le beau temps et la terreur sous l'orage, fréquent l'été ici, se déroule.

 

 

D'ailleurs le ciel est déjà bien couvert. Pas en forme, compte tenu de la météo incertaine, je décide de shunter le pic noufonts, soit 200MD+ en moins. Je passe donc par le col d'en bernat. Une fois au col je me laisse glisser.

 

 

Je jette un bref regard vers le petit étang de l'estanyol.

 

Une fois à la voiture j'ai la tête qui tourne, pris de vertige quand je me baisse puis me redresse.  Fievreux.Sans doute une insolation. Dommage . Le lendemain j'ai prévu de marcher encore. Heureusement il est encore tôt j'ai toute la soirée pour récupérer.

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kilimanjaro juillet 2001

Par philtraverses - 15-06-2010 20:48:49 - 3 commentaires

Après un échec à la hrp dans les Pyrénées me voilà face au vide dans ma chambre. Que faire. Les enfants sont en vacance avec leur mère en Bretagne. Par hasard je tombe sur une publicité pour une agence de voyage lyonnaise depuis disparue, tamara je crois. Ce sera le kili. Sinon rien.

Jour 1 : me voilà tombé de ma planète, aux confins du système solaire, au départ de la voie machame le 18 juillet 2001. Arrivé ici, je ne sais comment, à bord d'un taxi hors d'age, un vieux Peugeot break, dont l'embrayage patine et qui a fait hurler son moteur dans la boue avant d'arriver ici, par je ne sais quel miracle.Modestie du prix du voyage oblige.. Il est 11 heures. Le départ fourmille de monde. Les porteurs, souvent des hommes des villages environnants, de l'ethnie chagga je crois,attendent d'être choisi par les guides des différentes agences de voyage. C'est leur gagne pain. ce sont un peu les sherpas de l'afrique. Je suis parti avec l'agence la moins chère. Ce sont donc des gueux, des va nu pied, pourtant dignes et fiers, si dignes, que le guide local, Clemence, choisit.

En attendant que clémence organise tout et que la "foire" aux porteurs prenne fin, nous commençons à monter mes camarades et moi, accompagnés d'un seul porteur et sans guide. Le porteur s'arrête souvent pour permettre au reste du groupe de rejoindre. Lassés et impatients d'en découdre nous décidons de continuer sans attendre et de rejoindre le camp de machame. Nous sommes 4 : Jean Pierre, Olivier de la réunion, Alain de perpignan, son ami et moi.(photo : l'équipe des porteurs)

 

Le chemin est boueux et les guêtres sont bienvenues. Nous sommes en forme. Les porteurs nous rejoignent vers 15 heures.(photo : forêt primaire)Curieusement alors que nous sommes crottés, ils ne portent aucune trace de boue. C'est une facuté qu'ils ont qui reste un mystère pour moi.

Les présentations sont faites: Il y a le guide Clemence, le guide assistant, un cuisinier, qui sont les plus haut dans la hiérarchie des accompagnateurs. Les autres sont des anonymes. Pour discuter avec le guide Clemence c'est raté. C'est un taciturne . Le camp de machame est une vraie tour de babel. Il y a la toutes les nationalités, Anglais Espagnols Japonais entre autres et tous les styles, du grand luxe avec tables et chaises de camping, au bas de gamme comme nous..

 

Jour 2: le sentier démarre dans la pente en direction de shira hut . Curieusement, ce jour la je ne me sens pas bien. C'est l'omelette qui ne passe pas. Je me sens nauséeux: j'ai quelques inquiétudes pour la suite. L'étape est courte: 4 heures. Le guide Clemence nous montre quelques arbustes qu'il nomme sneshias et nous explique pourquoi des branches sont carbonisées, activité du volcan? il se montre laconique.

Arrivée enfin à Shira Hut. Il est tôt . Je passe le long après midi à me promener au milieu du camp, m'hydratant abondamment. Je me sens aussitôt beaucoup mieux. Le temps est gris. Le kili ne daigne pas se dévoiler. Je rejoins avec soulagement ma tente pour me retrouver enfin seul.

 

Jour 3 : Départ du camp de shira hut assez tôt. Il est 7 heures du matin. Le temps est gris. Cette journée, c'est le guide touristique qui le dit, doit nous permettre de nous acclimater. Nous montons vers un col au pied de la lawatower à une altitude de 4250 m environ. De la on devrait apercevoir le kili dans sa splendeur..

Las tout est bouché.

De cet endroit qui est le plus haut de l'étape on redescend de 200 M environ. Puis fait suite une petite remontée. Emporté par mon enthousiasme et supportant parfaitement l'altitude de 4000 m je suis trop loin devant et je m'arrête environ 25 Mn à un croisement pour que le guide et les autres me rejoignent.

Visiblement le guide n'apprécie pas mes escapades solitaires. En revanche, je ne sais pourquoi, ma bizarrerie semble susciter l'intérêt d'un grand porteur noir qui me sourit très souvent et cherche à lier connaissance. Encore une fois ma timidité maladive me laissera sur la défensive et me fermera comme une huitre.

 

Nous arrivons assez tôt au camp de barranco hut situé dans un creux à 4200 m environ. Il fait froid et sombre. Breakfast vers 16 H 30 puis repas assez copieux vers 18 H 30. Nous nous couchons vers 20 Heures. Pas grand chose à faire. Il bruine et il fait froid.

Comme contaminé par la majesté des lieux le camp est très tôt silencieux. Moi même, avec mes compagnons, je n'échange que des banalités . Tard dans la nuit les porteurs discutent, se disputent et rient aux éclats. J'envie leur simplicité et leur joie de vivre qui m'accompagne dans mon sommeil.

Jour 4 de Barranco hut à Barafu hut : C'est une étape d'abord pluvieuse venteuse puis neigeuse pour finir. L'étape commence par une montée raide dans la falaise.

 

Je ne peux qu'admirer les porteurs qui arrivent à hisser leurs lourdes charges jusque la. L'un d'entre eux porte des chaussures de ville, avec des semelles en cuir trouées. J'ai un peu honte. Il faudra que je pense à lui offrir mes chaussures à l'arrivée.

 Après cette escalade facile le chemin redescend et passe à flanc vers 4200 m. Puis suit une longue et lente montée de 600 m de D+ dans la pierraille. Nous sommes dans un brouillard épais. Il bruine. Clemence imprime son rythme lent et régulier. J'ai l'impression de faire du sur place. Et pourtant c'est un passage obligé pour s'acclimater à l'altitude. A l'arrivée au camp il se met à neiger.

Les tentes sont montées en hâte. On s'installe pour se reposer avant l'ascension du lendemain . La nuit sera courte.Reste l'incertitude sur le lendemain à cause de la neige.

jour 5 Le samedi 22 juillet 2001, c'est l'heure de se lever: Il est minuit 30. Je n'ai pas dormi. . L'eau laissé dans ma bouteille est totalement gelée. Dehors tout va bien. pas de neige. J'avale avec peine un petit déjeuner frugal. L'angoisse me tord les boyaux. J'ai tant entendu parler de ce mal des montagnes. . Une fois les préparatifs bâclés, trop longs à mon goût, nous prenons notre place dans la longue procession qui monte, fragiles lucioles tremblotantes, perdus dans la nuit impitoyable, qui habille notre fatigue et rythme notre désir.

La pente est raide. Dans le halo de la lampe frontale apparaissent des visages hagards, anxieux, mâchés. Nous doublons des groupes qui nous doublent à nouveau. Les halètements se mêlent au crissement de la cendre sous les chaussures. Le guide devant imprime la marche, semblant nager ou glisser sur la pente comme un émule du mime Marceau. .je pense, dans mon demi délire fait de fatigue mélangée à l'altitude.

Le froid est mordant. De temps en temps nous croisons des porteurs qui redescendent en toute hâte sur des civières des randonneurs malades victimes du mal des montagnes. Dans notre groupe, Jean pierre est le premier malade. Il titube, perd l'équilibre ressent une irrépressible envie de dormir. Puis c'est Olivier qui s'écroule et enfin Alain.

Pour ma part je suis bien et je me sens agacé par l'état de santé de mes camarades. Je lance quelques réflexions du genre « avant de venir ici il faut se préparer pour ne pas gâcher le plaisir des autres ». J'arrive seul au col sous la pointe stella en sprintant vers la fin, un peu essoufflé. Le jour s'est enfin levé.

Il fait moins 20° . L'appareil photo ne consent à fonctionner qu'après avoir été exposé au soleil quelques minutes. Pendant que mes camarades me rejoignent je décide d'aller seul au sommet.

Je double pas mal de monde. J'apprendrai plus tard que,  sur les 55 qui ont entrepris l'ascension ce jour la, 15 n'iront pas au bout. Une intense émotion m'envahit lorsque j'atteins le sommet. Mon rêve s'est enfin réalisé. je me sens euphorique.

L'Afrique est la, encore dans la nuit et la brume à mes pieds. Les glaciers survivent sous le soleil équatorial qui déjà chauffe.

Je prends la pose rituelle devant le panneau « vous êtes sur le toit de l'Afrique ».(le type emprunté avec le bonnet..)

 

Afrique mon continent préféré, berceau de l'humanité, souillée, dépouillée au fil des siècles et malgré tout, encore debout, et si riche, avec tant de potentiel de talents et d'intelligences qui ne demandent qu'à vivre et à éclore même mises sous l'étouffoir.. Mon hymne à l'Afrique entêtant, chantant dans mon cœur en même temps que ma joie d'être là.

J'attends les autres qui arriveront 25 Mn plus tard, en savourant égoïstement mon plaisir. Quelques photos prises à la sauvette, il est temps de redescendre.

 

Par la voie mweka, beaucoup moins intéressante que la voie marangu et directe. Pour mes camarades, malades, la descente est un peu laborieuse au début.

 

 

Nous nous reposons un bref moment à barafa hut au camp.

 

Puis nous partons pour deux heures de descente vers Mweka hut, à 3000 m d'altitude environ.

La suite ?. Je sais que c'est déjà fini. J'aurai de la peine à quitter les porteurs avec qui des regards à défaut de mots ont été échangés. Finalement on ne parle bien qu'avec les yeux et les mains aussi.. Puis ce sera la distribution des pourboires, une paille pour nous, un mois de salaire pour chacun d'eux.


De retour « chez moi », si j'ose dire, je retrouve mes rêves d'aventure brisés recouverts de poussière : henry de Monfreid, rené caillé, Isabelle eberhardt : ou êtes vous..

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