Par philtraverses - 12-08-2010 15:39:13 - 2 commentaires
Parti pour traverser les pyrénées un méchant lumbago stoppe net mon élan assez rapidement. Une fois la déception surmontée, mais je finis par m'habituer aux déceptions que me prodique mon corps, me voila donc décidé à refaire le pic du midi d'ossau, fière pyramide que l'on voit de PAU notamment.
la dernière fois que je suis venu ici c'était il y a plus de 10 ans. J'étais alors avec un élève gendame que j'avais rencontré par hasard au refuge. L'ascencion m'avait alors semblé facile. Désormais ma perception de la difficulté a changé. Avec l'age je crois que suis devenu plus prudent voire peureux.
Le pic du midi d'ossau est une rando escalade à ne pas mettre entre toutes les mains . Si vous avez peur et n'avez pas le pied sur n'y allez pas seul mais avec des camarades expérimentés. Une telle escalade doit, je crois, donner de l'assurance pour le trail et pour se lancer dans de grandes descentes à un rythme fou.. Me voila à neuf heures au parking de bious artigues. Les pluies abondantes des jours précédents ont dégagé l'atmosphère.
Le col de suzon est atteint en 1h05. 15 mn plus tard me voila au pied de la paroi.
Je constate que les choses ont bien changé en 10 ans. Tout d'abord tout le monde est encordé et casqué. Il y a dix ans peu de gens étaient équipés. Il semble que la notion de sécurité ait été intégrée, sans doute le discours ultra sécuritaire dominant qui fait ses effets, même en montagne.. On tient à préserver sa petite vie, aussi médiocre soit elle. Il y a plus malheureux que nous ma bonne dame, nous sommes des privilégiés etc
Et puis c'est vrai les secours coutent cher. S'équiper peut être considéré comme une marque de citoyenneté et d'esprit de responsabilité pour éviter de faire engager des frais à la collectivité. Le débat est ouvert..
Trève de persiflage. Je suis le seul non encordé, ce qui n'est pas grave, la cotation ne dépassant pas le III, mais surtout non casqué, ce qui est par contre gênant, le rique de chutes de pierre étant non négligeable. Finalement je me sens nu par rapport aux autres et j'ai un peu honte. Non j'assume.
Ensuite une cordée est bloquée dès la première cheminée. Une fille hurle " je n'y arrive pas" Au bout de 20mn rien ne se passant, la fille paniquant et m'impatientant, je décide de passer par une cheminée plus à droite, un peu plus haute d'environ 30m. Je contourne la difficulté et me voila au dessus de la cordée bloquée.Au passage deux espagnols crient au casse cou.
La deuxième cheminée est plus facile techniquement mais plus vertigineuse. je constate au passage que les barres en fer qui équipaient les cheminées ont été ôtées ce qui majore un peu la difficulté.
J'arrive à la troisième cheminée, facile. Au bout de ce couloir une croix, la croix du portillon, qui sert de point de repère. La suite est facile dans les éboulis et j'atteins le sommet.
Je ne suis pas très rassuré pour la descente. Est ce l'équipement des autres qui me fait prendre conscience que finalement cette course n'est pas si anodine. Je crains aussi de me perdre. Il y a de nombreuses sentes cairnées qui courent un peu partout et qui débouchent pour certaines sur des voies plus difficiles dépassant mon petit niveau en escalade.
Je reste donc peu de temps au sommet pressé d'affronter la difficulté .
Je m'intègre à un groupe assez sympathiques de gens du coin . La troisième cheminée, ou première en descendant, ne me pose pas plus de difficultés qu'à l'allée.
Je profite de la corde du groupe pour descendre la deuxième cheminée à mains nues sans rappel. Les paumes de mes mains s'en souviennent...
La descente se passe bien et finalement je franchis seul la dernière cheminée, la plus technique, qui me ramène sur le plancher des vaches.
Je me retourne un dernier instant pour admirer l'ossau. Content de ma journée, majorant dans ma tête, de manière fantasmatique, le danger surmonté pour me sentir plus fier et plus heureux.