KikouBlog de philtraverses - Février 2013
philtraverses

Sa fiche

Archives Février 2013

prose de la tramontane 1

Par philtraverses - 07-02-2013 10:47:50 - 2 commentaires

un soleil doré se couche sur la mer. C'est sur, demain sera jour de tramontane.


Les vieux retiennent leur souffle, car aux aurores, le vent soulèvera la poussière de leurs vies et en emportera beaucoup avec lui dans la tombe.


Tel un danseur aguerri, le vent fera battre le coeur des filles et les fera tournoyer dans les rues de la ville pour un tango cruel, qui ignore la fatigue et fait danser au delà de l'épuisement. Autrefois on les mariait, qu'elles le veuillent ou non, avec la bénédiction du vent, et l'amour était une option qui n'était pas comprise dans le tarif..


Le vent disperse les souvenirs, de ceux qui sont au crépuscule de leur vie. Demain, il ne restera plus rien de ces destins qui s'achèvent. Personne n'ira raconter leurs amours, leurs actes de bravoure, leurs moments de passion, leurs deuils. Point de romancier pour écrire leurs souvenirs, le fil de leur vie, raconter les caresses et les nuits d'amour, que seuls les visages flétris et les mains noueuses, évoquent pudiquement, à qui sait regarder. Le vent, telle une évidence cruelle, est sans mémoire.


On ferme les fenêtres. on se barricade. Consolation, le ciel sera bleu et on pourra prétendre qu'il fait beau, même si on hésite à sortir et si on marche dans la rue en rasant les murs.. Car ce vent, qui est désordre, chaos, bruit et fureur, ils l'aiment, leur tramontane qui rend fou, raccourcit les vies.


Les arbres torturés dans la clape, quêtent quelque maigre filet d'eau, coulant dans les fissures. Aux abois, ils sont dans la survie, leur vie aussi fragile, que le dernier chant du cygne.


Dans la chapelle des auzils, le vent passe sous les portes, mugit dans les travées, emporte avec lui les prières des fidèles, qu'il disperse au milieu de la forêt, se nourrit des confessions des chasseurs,qui arpentent la clape.


L'horizon, ondule et recule sous les coups de boutoir, des rafales impitoyables, indifférentes à l'effort des coureurs, promeneurs, cyclistes, qui bravent la tempête et aspirent à plein poumons, l'air sec et glacial.


Dans ma chambre, seul, j'écoute le vent, qui se lit tel un roman.

Voir les 2 commentaires

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0 sec - 365650 visites