Par philtraverses - 18-12-2010 12:28:00 - 1 commentaire
Voici un livre de sociologie réjouissant écrit par une ancienne amie . "Les intermittents du rmi".
Qu'elle me pardonne si je fais un peu de pub pour son bouquin. d'autant que mes tentatives pour renouer le contact avec elle ont été vaines jusqu'ici.
Mais qu'est ce que c'est "les intermittents du rmi", ce nouvel objet d'étude pour les sociologues?.
Une catégorie de population méconnue, peu étudiée. Pourtant plus répandue qu'on ne croit. Qui va de boulot en rmi et de rmi en boulot Or qui sont ces intermittents du rmi je cite :
"Au coeur de leurs modes de vie en alternance entre emplois alimentaires, périodes de chômage converties en temps actifs (pour créer des sociétés, faire des études, inventer des métiers, se produire dans le champ artistique) vibre le désir de ces personnes de se réaliser. Onze traits saillants esquissent un nouveau portrait du précaire qui diffère des portraits classiques de la sociologie sur les chômeurs, exclus considérés comme victimesinemployables souffrant de leurs conditions ou à l'inverse, personnes en quête d'une vie hors travail. Onze traits qui sont autant de lignes de haute tension. L'alternance est un système qui use d'autant plus que ces personnes ont engagé leur vie depuis dix, quinze ans dans ces activités vocationnelles. Même si l'avenir est incertain, elles persistent, manière de signifier en acte qu'il serait vain de convertir leurs activités de travail en bénévolat, en loisir. "
Cette thèse met surtout en évidence, en dehors des parcours classiques des rmistes, alternant petits bolots et rsa, l’émergence de plusieurs sous-groupes d’ « intermittents du RMI":
"les créateurs d’entreprises" auxquels les crédits font défaut et les artistes « concrets » qui alternent des périodes de travail « alimentaire » et des périodes de RMI durant lesquelles ils créent. Certaines personnes interrompent volontairement leur emploi pour créer leur activité ou font le choix du RMI ou du RSA pour se dédier à une occupation « vocationnelle "
Ainsi en définitive le rmi devenu rsa est détourné de son but.
Il apparait donc qu'à côté de la pauvreté subie et destructrice, qui est majoritaire, émergerait une forme de pauvreté choisie, pour se consacrer à créer, faire ce qu'on aime, réaliser sa vocation.
A coté des personnes qui choisissent la sécurité d'un parcours professionnel linéaire suivi tout au long de sa vie professionnelle, modèle qui tend à disparaitre,(http://www.educationpopulaire93.fr/IMG/pdf R._CASTEL_Maquette_finale_10-03-10.pdf),
il existe des personnes qui choisissent de véritablement se réaliser et abandonnent volontairement un travail, certes sécurisant sur un plan matériel, mais dans lequel elles s'oublient et se perdent, pour, enfin, créer.
Je ne saurais donc trop vous conseiller la lecture de ce livre revigorant, pour les amateurs de bonne sociologie, qui montre qu'il existe d'autres façons de se réaliser et trouver sa place en société .
Certains, c'est sur, déploreront que les soutiers du métro boulot dodo paient pour ceux qui s'éclatent ..
A chacun de se faire son idée