le déclin et la tentation du vide
Par philtraverses - 03-04-2022 10:43:17 - 3 commentaires
Puisqu'on en est dans le misérabilisme social allons y.
Sous forme de poème.
Le degré zéro de la pudeur.
Mon père est mort il y a un peu plus de deux mois,
juste avant Noël.
Grande douleur, qui a du mal à passer,
bêtement, d'une opération de la hanche,
qui a mal tourné. Dans une clinique de Toulon.
puis à l'hopital, où aucune réanimation,
n'a été tentée, sans que la famille,
soit consultée sur ses volontés..
Ferai je un procès?
J'ai compris alors combien je l'aimais.
J'ai dispersé ses cendres dans la sainte Baume,
je ne dirai pas où.
Il aimait tant ce lieu.
Je me souviens de lui, de son sourire, de son ironie.
J'aurai passé ma vie à essayer de me faire aimer par lui.
En vain.
Trop lucide pour être heureux.
En vain.
Je sais maintenant que j'ai échoué, à jamais.
puisqu'il a disparu. Comme on dit,
je n'ai pas les bases narcissiques,
pour accepter le déclin, insurmontable.
Ces bases narcissiques, que le père est censé donner.
Vous les gens heureux, bien pensants..,
ne comprenez pas, et me culpabilisez sans cesse,
encore plus.
en me disant que j'ai tout,
pour être heureux.
Quoi, tu as l'aisance matérielle,
un beau métier,
ton salaire est conséquent,
tu es père de deux beaux enfants,
qui t'aiment, disent t'il,
Gand père et bientôt encore grand père,
Oui, mais voilà, je suis un animal blessé,
je n'ai presque plus rien d'humain,
je ne me reconnais pas dans les autres,
mes semblables,
je me sens étranger, leurs préoccupations,
me sont étrangères,
j'ai l'impression que rien n'est vrai,
que tout est une vaste comédie,
car je n'ai pas les bases, le fondations,
et je n'ai pas rencontré,
celui ou celle, qui m'aurait réparé,
et mon père est mort et jamais je ne pourrai plus,
obtenir qu'il s'intéresse à moi.
34 ans à exercer un métier,
pour lequel je n'étais pas fait,
à réglrer les problèmes des autres,
alors que je suis incapable,
de régler les miens,
en vain.
Pour lui plaire et plaire aux autres, en vain..
45 ans de course à pied,
en vain..
Il est loin le temps où je faisais mes footings, à 15 km/h.
Maintenant je me traine à 12.
Le déclin est arrivé rapidement,
je n'ai pas, comme on dit, les bases narcissiques,
pour accepter ce déclin,
d'être bientôt un grand père, qui pousse,
la poussette de son petit fils
ou sa petite fille et s'en satisfait,
voire même, oh miracle, curieusement,
ce qui me parait incompréhensible,
eh oui, est heureux,
mais lui a les bases narcissiques,
lui a eu, certainement un père qui l'aimait,
s'intéressait à lui.;
Moi c'est fini, mon père a disparu,
et je n'ai que l'échec éternel,
de n'avoir pas su me faire aimer par lui,
d'avoir été le fils, qu'il voulait.
je n'ai jamais pu panser ces blessures,
comme ce jour où, au camping,
il préférait jouer avec les autres gamins du camping,
plutôt qu'avec moi, Alors, oui,
comment accepterais je le déclin,
insurmontable, qui guette tout le monde,
entre 60 et 80 ans,
le toboggan glissant, du temps qui passe,
avec la maigre consolation,
qu'un champion aura,
le même niveau que moi à 80 ans,
si j'arrive jusque là..
comment accepter la chute,
alors que j'ai échoué à être aimé, et, par conséquent,
moi qui ne me suis jamais aimé,
qui me hais même, car je ne suis pas aimable,
tentation de l'autodestruction,
d'abord sociale,
me terrer dans l'appartement à la retraite,
loin de tous,
me cacher, cacher cette abomination,
et, la haine,
de moi et des autres, qui chaque jour
se fait de plus en plus grande.
Je n'ai plus envie de guérir, me faire aider, non,
je suis lassé, usé, juste de ne plus être,
disparaitre, sans mourir, car je suis lache,
me terrer.
Par philtraverses - 18-04-2020 17:22:33 - 6 commentaires
A la demande générale, si si, voici quelques photos d'une traversée des Alpes en juillet 2019.
Un bon souvenir en ces temps de crise, alors que j'ai participé, ad nauseum, au fil sur le coronavirus, qui peut se résumer en une phrase: "plus on nous en dit plus on ne sait rien", même s'il est bon de donner son avis, qui va de la bien pensance, à l'indignation, ne serait ce que pour se donner l'impression de maitriser les choses ou communiquer son inquiétude oh combien légitime.
M'importe essentiellement de toutes façons l'aspect juridique de l'affaire, qui manifestement passionne peu ici, à savoir la question comment concilier sécurité sanitaire et libertés, et je vois comme une petite victoire par procuration l'annulation par le conseil d'état des arrêtés des maires séditieux, celui de Sanary sur mer ( soit dit en passant convoqué devant le tribunal correctionnel prochainement pour des infractions liées à ses fonctions) qui imposait à sa population de ne pas s'éloigner à plus de 10 m de son domicile et de l'autre maire dont j'ai oublié le nom qui obligeait au port du masque.
Si la santé est certes un bien précieux, au nom de la déesse santé, on ne doit pas pour autant brader les libertés et ne pas oublier que l'être humain n'est pas qu'un amas de chair mais qu'il est aussi esprit et âme, sinon à quoi bon?
la HRP en 2014 de merens à Etsaut
Par philtraverses - 05-04-2020 13:55:38 - 3 commentaires
A l'heure où chacun, plus ou moins résigné et plus où moins aveuglément, accepte le confinement, une atteinte à l'une des deux libertés fondamentales, à savoir celle d'aller et venir, la seconde étant la liberté d'expression, à l'heure où chaque jour qui passe rend de plus en plus incertaine la perspective de randonnées en montagne cet été, je me suis replongé dans les photos de ma traversée par la HRP, ou du moins l'une des variantes, mais sans les Pyrénées orientales, que je connais un peu trop et sans le pays basque, par manque de temps et d'envie, la météo s'étant en outre dégradée.
Bien sur, le point positif est que la nature peut enfin se reposer. Mais je ne suis pas écologiste extrémiste au point de souhaiter que l'homme soit à jamais banni de ces espaces magnifiques.
J'ai fait cette HRP en 16 jours, avec trois jours de pause en famille à Loudenvielle, d'où je suis descendu du refuge de la soula.
Comme d'habitude, aucune rencontre, j'ai fait mon sauvage, estimant ne pas gagner à être connu, sauf à Mounicou, peut-être..
Etape 1: merens, refuge de rulhe,
Etape 2: Refuge de rulhe, el serrat,
Etape 3: el serrat, mounicou,
Etape 4: mounicou, refuge de certascans,
Etape 5: refuge de certascans, alos de isil, longue étape sauvage. Heureuse surprise, il y a un gîte à Alos au fond du village
Etape 6: Alos de Isil, Salardu, perdu, marche sur la route à la fin. Beurk, dommage
Etape 7: salardu, la restanque, petite étape,
Etape 8: la restanque, Hospice de Vielha( fermé),
Etape 9: Hospice de Vielha, camping Aneto,
Etape 10: camping Aneto, refuge de la soula où je retrouve ma famille,
Etape 11: aragnouet, refuge de Barroude,
Etape 12: refuge de barroude, les granges de Holle ( gavarnie),
Etape 13: les granges de Holle, Refuge Wallon,
Etape 14: refuge Wallon, refuge d' Arremoulit, seul au refuge, fils du gardien malade..
Etape 15: Arremoulit, Refuge d'Ayous ( le meilleur souvenir, nuit sous la tente face à l'Ossau), euphorique..
Etape 16: Etsaut par Gr10 chemin de la mature.
Voici donc cette vidéo. Qualité un peu altérée par You tube. Quant à la musique, comment dire, j'ai bien essayé de mettre du Coldplay mais ce n'est pas libre de droits et les musiques libres de droit euh
la résilience, d'une bonne idée à une injonction
Par philtraverses - 27-03-2020 11:12:15 - 5 commentaires
Désolé pour ce billet lourd et dénué d'humour..
Finalement je supprime.
Je cite siplement un article sur le lien suivant dont je partage certaines dées, certes un peu à contre courant de la doxa et de la pensée dominante actuelles qui veut que chacun soit un guerrier bien que ne s'étant pas engagé dans l'armée:
http://www.environnement.ens.fr/IMG/pdf/0_ceres_2015_introductionresiliencesociale.pdf
"A priori, la résilience est positive, et un objectif vers lequel il faut tendre. Comment nier qu’il est positif d’être capable de réagir à un choc et de se reconstruire après celui-ci ? Pour autant, les sens que l’on peut donner à la résilience ne sont pas sans implications politiques, éthiques et pratiques. Lorsque l’on prône l’adaptation, prône-t-on une capacité (être adapté et réagir de manière appropriée) ou une propriété (être adaptable et modifier son comportement ou sa nature pour réagir) ? Derrière l’adaptation se cache l’idée selon laquelle les individus et les sociétés devraient être capables de réagir à tout (et ce faisant qu’on peut tout leur faire subir : par exemple, se faire licencier n’est plus un problème dès lors qu’on est adaptable).
"Lorsque la résilience devient une injonction à être adaptable et non vulnérable, elle s’inscrit en réalité dans une idéologie qui fait porter le coût des risques et des catastrophes sur les individus et non sur le collectif. De plus, l’injonction à la résilience peut conduire à une lecture moralisatrice des catastrophes : il y aurait alors des « bonnes » et des « mauvaises » victimes, les victimes résilientes, qui ne se laissent pas abattre et qui restent debout, et les autres.
Il s’agit de se souvenir que la résilience, étant un concept flou, est porteuse de nombreux implicites : à quoi est-on résilient ? quelle est la temporalité de la résilience ? est-on résilient a priori ou a posteriori (est-ce une propriété, ou plutôt un récit que l’on fait de la réaction à la catastrophe ?) ? Enfin, il s’agit de voir que la résilience peut ne rien changer (retour à l’identique, l’état d’équilibre) ou au contraire tout changer (penser le risque de manière systémique et voir la reconstruction comme un apprentissage)"
Un conseil donc si je peux me permettre, lachez prise et ne craignez pas d'exprimer votre desarroi auprès de personnes de confiance, si contrairement à moi vous en avez dans votre entourage.
Par philtraverses - 23-03-2020 07:34:31 - 7 commentaires
Qui est il, ce quidam, cet hurluberlu, traqué par hélicoptère, drones, comme un délinquant de haut vol, cet ennemi du bon citoyen, confiné et qui l'accepte sans broncher, infantilisé dans son canapé à regarder des séries en boucle et faire des allées et venues entre son poste de télé et sa fenêtre d'où il guette ce que font ses voisins.
Qui est il, cet individu, ennemi du peuple, sur lequel tout le monde tire à boulets rouges, que les voisins regardent passer de leur fenêtre qu'ils ne quittent pas de la journée sauf à de rares moments.
Qui est il ce responsable de tous les maux, propagateur invétéré du virus, qui n'a pas compris les enjeux du confinement, dont chacun affirme qu'il est la seule solution pour se débarrasser du virus sans pour autant qu'aucune preuve scientifique ne l'étaye, vu que ce virus on ne le connait pas et que c'est la première fois sauf en temps de guerre qu'on confine une population entière.
Qui est il celui à l'encontre duquel il faudrait désormais déployer l'armée ma bonne dame, ce rebelle. Mais que n'a t'on mis en oeuvre de tels moyens pour lutter contre les trafics dans les cités, zones de non droit.. Il faudra s'en souvenir pour exiger de tels moyens, puisqu'ils existent, on le sait maintenant.
Qui est il celui que l'on culpabilise à longueur de journée, tout comme les citoyens, que l'on voudrait mettre sous cloche, comme la belle au bois dormant et réveiller une fois la crise passée.
Oui qui est il: le joggeur ma bonne dame, oui, ce satané joggeur qui ne comprend rien, fait courir un risque à tout le monde en courant seul à l'heure où tout le monde dort, ce joggeur ennemi public numéro un.
Par philtraverses - 16-02-2020 14:57:54 - 9 commentaires
J'ai été récemment victime d'une mésaventure à laquelle je ne m'attendais pas et qui n' a peut-être pas encore trouvé son épilogue. Je pensais que ceci ne pouvait m'arriver. J'ai toujours pris des précautions, j'évite de cliquer n'importe où et n'ouvre jamais les messages suspects émanant soi disant des banques, des impôts ou autres.
Le 5 février. 17h05. je n’ai plus accès à ma boite mail orange, mes mots de passe viennent d’être changés. Les adresses mails de contact et le numéro de téléphone sont aussi modifiés.
17h30, j’essaye de me connecter sur mon profil facebook. Oh surprise, apparait sur la page d’accueil la photo d’un individu qui n’est pas moi, se disant légionnaire à Thionville.
Je m’apercevrai plus tard qu’il a effacé de nombreuses publications récentes dont celles notamment sur ma traversée des alpes. Je signale la situation à FacebooK. Manifestement, ils ne prévoient pas la situation du type qui, tel un coucou se glissant dans le nid d’une mésange, s'insèresur le profil facebook d’un autre. Pour eux tout va bien et ils refuseront ensuite de répondre à mes messages.
Il ne me reste plus qu’à solliciter mon fournisseur d’accès internet pour qu’il m’envoie un mot de passe provisoire pour récupérer mon compte mail. Ce sera fait une semaine plus tard.
Je change ensuite tous mes mots de passe, mes moyens d’accès mails et téléphone. Je récupère ensuite mon profil Facebook, vire tout ce que l’individu a mis, sa photo, sa bio.
Je m’apercois ensuite qu’il a envoyé de nombreux messages à des femmes d’âge mur pour devenir leur ami, sans doute pour abuser d’elles, financièrement ou pire. Certaines ont répondu. intéressées. Il faut dire que la photo, prétendument celle du type en question, est assez séduisante. Plus jeune que moi.
Je vire tout les messages de ces femmes, supprime les invitations adressées par l'individu à ces personnes, supprime ces femmes en tant qu’amies Facebook. J’avertis toutes celles qui répondent de la situation et leur demande de cesser tout contact avec moi.
Peu à peu je réinstalle ce qui a été supprimé. J'enrage et j'angoisse à l'idée qu'il a eu accès à mes contacts, mes messages sur messenger, qu'il a pu, en se faisant passer pour moi, nuire à d'autres personnes et donc me nuire si l'on remonte à mon profil. Il a porté atteinte à ma vie privée. Porter plainte? est ce vraiment utile. Trop long, trop compliqué, sans doute vain ? Ce piratage quand même élaboré puisqu'il a été actif avec mon compte est il lié à ma profession et a t'on voulu me nuire par ce biais. ou se venger?
Une semaine après je m’interroge sur ce qui s’est vraiment passé. Comment a t’on pu récupérer ainsi mes mots de passe. Je suis sur mac, système censé être sur. ? Ai je cliqué sur le lien qu’il ne fallait pas malgré mes précautions? . Le saurai je un jour? Cela peut il recommencer?
Par philtraverses - 11-09-2018 06:25:58 - 6 commentaires
La jalousie est un sentiment qui ne m’est pas étranger.
Je l’ai longtemps confondu avec l’amour.
Sans doute une vieille réminiscence de mon enfance, durant laquelle mon père me manifesta un certain désintérêt, pou ne pas dire une certaine indifférence, malgré tous mes efforts pour essayer de capter son attention.
Il y aurait à raconter dessus et les longues heures passées sur le divan à tourner en rond dans les méandres de ma mémoire n’y ont rien changé.
Je suis et reste jaloux .
Il en est ainsi des Pyrénées.
J’ai commencé à randonner dans les Pyrénées à l’âge de 10 ans.
Ma famille habitait alors à Pau.
Je me souviens de la première fois, un peu comme un rendez-vous.
Il faisait nuit, il était tôt, la fébrilité dans le chargement de la voiture, les yeux rougis de sommeil, mon père tendu et angoissé, comme toujours, sur notre dos, surveillant tous nos faits et geste, angoisse qu’il m’a légué comme un fardeau.
La carte d’état major de l’armée dépliée sur la table, l’itinéraire étudié longuement par mon père et souligné en rouge.
Il n’y avait pas à l’époque les sentiers surlignés en rouge par l’IGN.
Venait le voyage.
La première fois, ce furent les lacs d’Ayous.
Je me souviens de l’arrivée au parking de bious- artigues. Les odeurs, les couleurs, tout se mélange dans ma mémoire, les carillons des vaches, le frisson de la brise matinale sur le lac de bious artigues, les branches des arbres amicales racontant des histoires à dormir debout.
Une émotion impalpable m’animait alors, mon coeur battait plus vite.
Un seul sens mêlé, les odeurs ont des couleurs, les sons des odeurs, les couleurs ont des odeurs. Nous partions doucement. Je piaffais d’impatience, je voulais aller plus vite, voir derrière cette ondulation de terrain ce qu’il y avait.
Mon père passait son temps à nommer ce que nous rencontrions et ce qui nous entourait, les sommets, les cols... Il s’arrêtait longuement devant les traces des animaux et s’attachait à identifier l’espèce à l’origine de ce terrier, de ces crottes. .
Il me reste de cette période une certaine répugnance à identifier et nommer les sommets, les cols, les montagnes à identifier les animaux, leurs traces et je reste imperméable aux informations qui me sont données sur tout ces points et ne les mémorise point. Un blocage parmi d'autres;
Je préfère rester dans le flou le vague. Après tout ce sont les hommes qui ont donné des noms arbitraires aux sommets et aux cols mais ceux-ci n’ont rien demandé et le nommage n’est qu’une création humaine, une tentative de l'être humain, en nommant, de prendre la maitrise de son environnement sur lequel il n’a en réalité aucune maitrise, si ce n’est pour le détruire méthodiquement..
Je restais admiratif quant à moi devant la puissance des vaches et des chevaux presque sauvages, contrastant avec leur caractère paisible
Les minutes, durant lesquelles nous nous acheminions vers notre objectif du jour, le premier lac d’Ayous, s’écoulaient, étaient des heures, des siècles. L'impatience, autre affect qui me caractérise.
Lorsque le lac n’était plus loin, mon père me permettait de partir devant. Je m’enfuyais alors en courant, loin de cette pesanteur familiale, de cette indifférence que me manifestait mon père et qu’il me manifeste encore.
Mon coeur battait à se rompre, mes muscles perdaient peu à peu leur force et j’arrivais enfin au lac tant espéré, tant désiré.
Arrivé tôt, j’y étais généralement le premier. Je me l’appropriais, le faisais mien et pour mieux l’étreindre et l’aimer, je gravissais un des sommets parfois raides le dominant en m'aidant des mains, en m'agrippant aux herbes. La chute pouvait être dangereuse.
Mes parents arrivaient peu après. Je restais à côté d‘eux et ne participais nullement aux conversations familiales qui m’ennuyaient.
Je rêvais.
L’heure du pique nique arrivait enfin.
Ma mère déployait la nappe, les provisions.
Après le pique nique, je courais autour du lac, explorais encore les environs, regardait dans le lac les vairons nager au bord de la rive.
Venait l’heure fatidique du départ et la redescente dans la vallée et vers la voiture.
Tout le long de la descente, j’étais triste, je me demandais quand j’allais revoir le lac, sentir à nouveau ces odeurs, voir ces couleurs, ces sommets, ces cols, que je ne voulais surtout pas nommer par opposition avec l'attitude de mon père. Nommer me semblait être un obstacle entre moi et mon environnement, cette montagne qui m'enveloppait. Je voulais ne pas avoir la maitrise, me laisser faire. Nommer n'est pas forcément connaitre, formule qui passe au dessus de la tête, je le conçoi aisément.
Après le lac d’ayous, ce furent le lac d’estom, puis le lac de Gaube et toujours le même scénario, et aussi le lac d’Isabe, méconnu.
Toute ces randonnées dans les Pyrénées furent une parenthèse enchantée dans mon enfance qui fut généralement triste, ou que je ressentis en tout cas comme telle, ponctuée par l’indifférence de mon père à mon égard, contrastant avec ses colères lorsque je lui tenais tête et essayais de m’affirmer, avec mes faibles armes d’enfant.
Si dans ma famille, rare furent les moments à partir de l’âge de 10 ans où je me sentis chez moi, sentiment d’être un étranger partout, une pièce rapportée, de ne faire partie de rien, de ne pas être reconnu, de n'avoir aucune filiation comme disait ma psy (cf tteavaux de melanie klein, cyrulnik et autres), qui ne m’a jamais quitté et me hante tous les jours, en revanche, je ressentais la montagne comme étant ma maison, mon chez moi. Ma petite résilience à moi.
C’est ainsi que j’ai compris qu’il y a peu de chances que je fasse des trails dans les Pyrénées et que je n’y prendrai aucun plaisir.
Car je suis jaloux des Pyrénées.
Quoi, partager mes Pyrénées, ces montagnes que j’ai arpenté dès l’âge de 10 ans, avec des gens qui n’étaient alors même pas nés et qui bien sur vont arriver avant moi sur la ligne d'arrivée.
Ressentir les mêmes sentiments, admirer les mêmes lacs, les mêmes sommets, que je serai incapable de nommer, être en concurrence sur ces sentiers que j’ai arpenté, gravi dans mon enfance, puis encore plus tard à mon adolescence, en élargissant le cercle de mes découvertes montagnardes.
Ce sentiment de jalousie, que la plupart ne connaissent pas et qu’ils ne comprennent sans doute pas, m’est insupportable, me serait insupportable. D'aucun diront, à juste titre, que c'est mesquin. Je voudrais être capable de partager. Mais si j'en suis capable dans beacoup de domaines, tel n'est pas le cas lorsqu'il s'agit des Pyrénées.
De plus, j'ai comme handicap de ne pas y être né, de ne pas être resté au village, en bref de ne pas être Pyrénéen. Je suis donc un étranger pour les Pyrénéens et les étrangers aux Pyrénées me considèrent comme un des leurs, ce que je ne veux surtout pas être. Or, je ne suis ni Pyrénéen, ni étranger aux Pyrénées. Je ne suis donc nulle part et de nulle part.
Par philtraverses - 24-02-2017 20:05:17 - 5 commentaires
La force du temps qui passe,
aussi puissante qu’un glacier,
avançait doucement, mais surement,
rabotant les replis de ma mémoire,
polis et repolis par les habitudes.
Je glissais doucement dans la multiplicité,
de mes émois à présent désincarnés,
et l’aube filtrant à travers mes paupières,
laisser perler comme des larmes,
les désirs inaccomplis, les rêves inassouvis.
Les vies que j’avais rêvé d’avoir,
comme des mirages s’éloignaient,
tandis que la musique du temps qui passe,
avec cruauté, comme un poignard,
excitait la plaie jamais refermée,
des élans réfrénés, des baisers refoulés.
Je me rappelais les vies que je voulais avoir,
et enfermé dans mon bureau,
je ne savais plus qui j’étais,
et si le visage que je voyais dans la glace,
fané et désemparé, était bien le mien,
si c’était bien moi qui avait rêvé,
ces vies qu’il était trop tard pour avoir.
M’abrutissant dans les profondeurs des dossiers,
Je finissais par ne plus vouloir savoir,
ce que j’avais rêvé d’être, et je voulais oublier à jamais,
les récits d’aventure, les exploits d’alpinistes,
et d’explorateurs, dont mon enfance s’était nourrie.
Je pensais à Paul Émile Victor,
Haroun tazieff, lionel terray,
tout ces conquérants de l’inutile,
chantal mauduit, raymond maufrais,
déplacés dans ce monde matérialiste,
et qui feraient aujourd’hui la risée,
des bien pensant cramponnés à leur smartphone,
et leur gadgets derniers cris,
que j’invoquais à mon secours,
pour me sauver,m’aider à me retrouver,
en vain.
Il ne me restait plus qu’à rentrer chez moi,
abruti de fatigue,
me complaisant dans l’insignifiance,
insignifiant parmi les insignifiants,
le soir fatidique enfin arrivé,
j’allais me cacher chez moi,
bureaucrate besogneux,
terne, rasant les murs,
inexistant, que plus personne, enfin, ne remarquait.
Par philtraverses - 28-01-2017 11:14:38 - 4 commentaires
Ceci est un pamphlet
Ma religion était faite depuis longtemps. Mis à part quelques, rares, sites d’utilité publique, internet était devenu un grand village, ou les ragots, les rumeurs, présentées comme des vérités plus vraies que vraies, foisonnaient. où les plus bas instincts étaient flattés.
La nature humaine, faite de jalousies, d’égoïsmes, de bassesse, je ne suis certes pas rousseauiste, s’y donnait libre cours. Je retrouvais désormais sur internet tout ce que j’entendais dans les tribunaux, ce que j’y lisais dans les écritures des parties. La mauvaise foi, le mensonge, ..la dissimulation. Je n’étais pas dépaysé, presque en terrain familier.
Mais avec des concepts comme anti politiquement correct et anti pensée unique, on avait désormais touché le fond. Les tenants de ces concepts s’offusquaient de ce qu’il soit désormais interdit de toucher les fesses des femmes dans les métros, de les insulter et de les traiter de pouffiasses lorsqu’elles remballaient les auteurs de compliments dont elles n’avaient que faire,
Ils se choquaient de ce que désormais on lutte contre le harcèlement à l’école. Il fallait bien laisser ces chères têtes blondes régler leurs problèmes entre elles et tant pis si de temps en temps l’un d’entre eux ne pouvait plus supporter et n’avait d’autres solutions que d’en finir. Ils étaient courroucés à l’idée qu’on ne puisse plus désormais infliger de punition corporelle aux enfants, dont pourtant chacun sait qu’elle est juste un défoulement des adultes dépassés par leur progéniture et donc incompétents, alors que la punition corporelle ferait partie de la culture Française.
Ils se choquaient de ce que désormais, les clients des prostituées soient verbalisés: quoi c’est mal que le corps humain soit considéré comme une marchandise et que la personne qui est derrière soit niée ? Il s’offusquaient de ce que les femmes cherchent à devenir les égales des hommes et être traitées de la même manière que les hommes en terme d'attitudes et sur un plan matériel.
Ils étaient courroucés à l’idée qu’on ne puisse plus être racistes, homophobes, qu’on ne puisse plus polluer en paix en prenant sa voiture pour aller chercher son pain à 100 m de chez soi, qu’on soit verbalisé si on commettait des excès de vitesse, qu’on ne puisse plus faire des queues de poisson aux véhicules trop lents sur l’autoroute, même si on s’aplatissait devant celles des camions, loi du plus fort oblige..
Ils étaient courroucés à l’idée qu’on ne puisse plus traiter les homos de.. et les maghrébins ou Beurs de..
Ils refusaient de prêter secours aux plus faibles et d’accueillir la misère, recroquevillés sur leurs maigres privilèges et prérogatives. Ils ne se choquaient pas de ce que le traitement de la crise des migrants ait été sous traité à un autre pays que je ne nommerai pas et soit donc totalement occulté ou forclos au sens lacanien du terme..
Ils étaient choqués que l'on se préoccupe du sort et de la souffrance des animaux dans les abattoirs.
Ils étaient pour que l'on reste entre soi, entre gens qui se ressemblent, ont la même religion, la même couleur de peau, la bonne. Il fallait fermer toutes les portes, toutes les frontières se reproduire entre soi et tant pis pour la consanguinité..
Ils accordaient plus de crédit à une rumeur publiée sur internet, à un tweet, qu’à un article de journal et n’entendaient que ce qu’ils voulaient entendre. Tout ce en quoi ils ne croyaient pas, partagé par leur petit cercle, était devenu inaudible..
Ce qui était devenu important n'était pas ce qui était dit, mais qui le disait et à qui.
A croire que ce qu’on entendait dans les tribunaux, la manière dont les gens s’y comportaient, était descendu dans la rue et s’était généralisé à la société toute entière, sur internet. Quelque chose de familier en somme.
En référence à Gilles Lipowetsky qui avait déjà tout dit, un de mes livres e chevet quand j'étais étudiant
https://fr.wikipedia.org/wiki/L'%C3%88re_du_vide
un ilot perdu dans un océan de contraintes
Par philtraverses - 03-08-2016 10:17:45 - 3 commentaires
Les Pyrénées, mon refuge, presque une raison d'être. plus de 40 ans que je les arpente, depuis que mes parents, alors que nous habitions à PAU, m'emmenèrent aux lacs d'Ayous. Je découvrai, émerveillé, ces larmes nichées dans une terre ingrate. Depuis le virus ne m'a plus quitté. Je marcherai dans ces hautes terres jusqu'à ce que mort s'ensuive, mes cendres dispersées sur un de ces sommets émergeant dans la mer de nuages..
Des traversées des Pyrénées, j'en ai fait: Gr10, Gr11, Hrp, et diverses variantes.
Aussi, lorsque fut lancé l'idée de la Transpyrénéa, je me dis que cette course était faite pour moi et je me lancai. Malheureusement une mauvaise sciatique, apparue en Février, ruina mes espoirs: je ne pouvais plus m'entraîner correctement.
Je décidai de vendre mon dossard à prix cassé et, heureusement, il se trouva un acquéreur. Bien m'en a pris, vu la façon dont les choses ont été organisées et les incroyants, ceux qui n'ont rien compris à l'esprit qui a toujours bon dos, traités par le mépris, rappelant étrangement le discours de certaines obédiences, que je ne nommerai pas..
Je restais toutefois sur mon idée de traverser les Pyrénées. J'organisai donc cette nouvelle traversée. Là encore les choses se présentaient mal puisqu'au cours d'un footing, je tombai lourdement et me fracturai plus ou moins deux côtes..
Malgré cette adversité, je pris le départ. De ce périple, parenthèse alors que m'attendent de nouvelles échéances et enjeux professionnels et familiaux, restent ces 214 photos de pietre qualité, que je ne commenterai pas, de mes 20 jours de marche, de Hendaye à Planès.
L'aventure a pris fin, pour une histoire de pieds, trop douloureux après les jours de pluie sur les crêtes d'iparla et au pays basque, les orages au dessus du lac de l'oule, et les jours de canicules..
Je sais déjà que je reviendrai car d'autres traversées m'attendent