Par philtraverses - 28-01-2017 11:14:38 - 4 commentaires
Ceci est un pamphlet
Ma religion était faite depuis longtemps. Mis à part quelques, rares, sites d’utilité publique, internet était devenu un grand village, ou les ragots, les rumeurs, présentées comme des vérités plus vraies que vraies, foisonnaient. où les plus bas instincts étaient flattés.
La nature humaine, faite de jalousies, d’égoïsmes, de bassesse, je ne suis certes pas rousseauiste, s’y donnait libre cours. Je retrouvais désormais sur internet tout ce que j’entendais dans les tribunaux, ce que j’y lisais dans les écritures des parties. La mauvaise foi, le mensonge, ..la dissimulation. Je n’étais pas dépaysé, presque en terrain familier.
Mais avec des concepts comme anti politiquement correct et anti pensée unique, on avait désormais touché le fond. Les tenants de ces concepts s’offusquaient de ce qu’il soit désormais interdit de toucher les fesses des femmes dans les métros, de les insulter et de les traiter de pouffiasses lorsqu’elles remballaient les auteurs de compliments dont elles n’avaient que faire,
Ils se choquaient de ce que désormais on lutte contre le harcèlement à l’école. Il fallait bien laisser ces chères têtes blondes régler leurs problèmes entre elles et tant pis si de temps en temps l’un d’entre eux ne pouvait plus supporter et n’avait d’autres solutions que d’en finir. Ils étaient courroucés à l’idée qu’on ne puisse plus désormais infliger de punition corporelle aux enfants, dont pourtant chacun sait qu’elle est juste un défoulement des adultes dépassés par leur progéniture et donc incompétents, alors que la punition corporelle ferait partie de la culture Française.
Ils se choquaient de ce que désormais, les clients des prostituées soient verbalisés: quoi c’est mal que le corps humain soit considéré comme une marchandise et que la personne qui est derrière soit niée ? Il s’offusquaient de ce que les femmes cherchent à devenir les égales des hommes et être traitées de la même manière que les hommes en terme d'attitudes et sur un plan matériel.
Ils étaient courroucés à l’idée qu’on ne puisse plus être racistes, homophobes, qu’on ne puisse plus polluer en paix en prenant sa voiture pour aller chercher son pain à 100 m de chez soi, qu’on soit verbalisé si on commettait des excès de vitesse, qu’on ne puisse plus faire des queues de poisson aux véhicules trop lents sur l’autoroute, même si on s’aplatissait devant celles des camions, loi du plus fort oblige..
Ils étaient courroucés à l’idée qu’on ne puisse plus traiter les homos de.. et les maghrébins ou Beurs de..
Ils refusaient de prêter secours aux plus faibles et d’accueillir la misère, recroquevillés sur leurs maigres privilèges et prérogatives. Ils ne se choquaient pas de ce que le traitement de la crise des migrants ait été sous traité à un autre pays que je ne nommerai pas et soit donc totalement occulté ou forclos au sens lacanien du terme..
Ils étaient choqués que l'on se préoccupe du sort et de la souffrance des animaux dans les abattoirs.
Ils étaient pour que l'on reste entre soi, entre gens qui se ressemblent, ont la même religion, la même couleur de peau, la bonne. Il fallait fermer toutes les portes, toutes les frontières se reproduire entre soi et tant pis pour la consanguinité..
Ils accordaient plus de crédit à une rumeur publiée sur internet, à un tweet, qu’à un article de journal et n’entendaient que ce qu’ils voulaient entendre. Tout ce en quoi ils ne croyaient pas, partagé par leur petit cercle, était devenu inaudible..
Ce qui était devenu important n'était pas ce qui était dit, mais qui le disait et à qui.
A croire que ce qu’on entendait dans les tribunaux, la manière dont les gens s’y comportaient, était descendu dans la rue et s’était généralisé à la société toute entière, sur internet. Quelque chose de familier en somme.
En référence à Gilles Lipowetsky qui avait déjà tout dit, un de mes livres e chevet quand j'étais étudiant
https://fr.wikipedia.org/wiki/L'%C3%88re_du_vide