Par philtraverses - 26-06-2020 07:51:27 - 12 commentaires
Deux côtes cassées après une mauvaise chute hier et voilà. Plus de sport du moins impliquant des chocs pendant au moins un mois et mes vacances sans doute par terre.
Sois positif me dit ma soeur, sois positif me dit ma fille. S'il est un mot d'ordre qui m'agace le plus, c'est bien cette expression:sois positif. D'autant qu'elle émane en l'occurence de ma soeur, en arrêt de travail car elle ne supporte plus son chef ou de ma fille qui se plaint, comme beaucoup, parce que le crédit auto ne lui a pas été accordé et les fins de mois sont difficiles. Si je n'avais que ça comme souci, ce serait le paradis.
En somme, dans notre société ou la réussite personnelle est l'étalon suprème qui mesure la valeur humaine d'un individu, il est interdit de se plaindre. Si vous avez le malheur d'être négatif ne serait ce qu'une seconde, tout le monde va vous tomber dessus en vous culpabilisant: "tu as la santé, tu manges à ta faim, tu as un toit, une voiture, une femme des enfants, deux bras, deux jambes", en somme tous les signes extérieurs de la réussite, alors qu'au fond de toi tu as, à juste titre, le sentiment d'avoir raté ta vie.
Tu as cru, pendant longtemps, que la réussite matérielle était le but ultime de la vie. Tu as bossé comme un CENSURE, pendant toute ta vie. Passé un concours que tu as réussi du premier coup pour entrer dans une "grande école". Acheté la maison, fait deux beaux enfants. Et puis un jour tu te réveilles. Seul. Tu comprends qu'on t'a menti. Il n'y a que les aveugles qui y croient encore
Cette injonction a fait beaucoup de mal. Combien de personnes souriantes au travail, aimables et qui le soir pleurent dans leurs lits?. Combien de suicides, parce que ceux qui souffraient n'avaient plus aucune épaule pour les soutenir, plus personne pour les écouter et souffraient en silence. Il ne restait plus que la séance du psychologue, 1 h au mieux au tarif de 50 à 60 euros.
le retour à la maison est difficile. La séance a réveillé des souvenirs et des sentiments pénibles. Tu te demandes si tu vas continuer.
Finalement, cette injonction, être positif, obligeant à paraitre, interdisant de se plaindre, a fait des heureux: les psychologues, et les psychiatres.
Les psychologues, si l'on choisit de traiter le mal être qu'engendre l'injonction à être positif par la parole, les psychiatres si on choisit les médicaments pour trouver la force de pouvoir paraitre, auprès des collègues, des pseudos amis qui vous tournent le dos si vous exprimez, ne serait ce qu'une seconde, un petit malaise, en disant dès que vous avez le dos tourné " il est lourd" celui-là et même la famille qui prend très mal votre négativité dont elle se sent responsable, ce qui n'est bien sur pas le cas.
Ce n'est pas un hasard si on a jamais pris autant de neuroleptiques et d'anti dépresseurs, car paradoxalement, l'injonction sois positif, isole, rend dépresif et anxieux, culpabilise et oblige, pour avoir la force de paraitre le jour, de se doper et de fréquenter les officines des spécialistes.
après il y a tous ceux qui veulent te faire sentir que tu n'es rien et que tu n'as rien, manipulateurs qui pour se grandir te rabaissent. Il parait que ça s'appelle des pervers narcissiques. Il parait même qu'il y en a de plus en plus, ce sera sans doute l'objet d'un autre billet et qu'ils sont devenus la personnalité dominante dans notre société. Ce sont eux qui manient le plus et emploient le plus l'expression, sois positif. Ne les crois pas
Alors tous en choeur: fuck le sois positif, trangressons et osons nous plaindre
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12 commentaires
Commentaire de CAPCAP posté le 26-06-2020 à 10:21:16
Il y a aussi les psychanalystes, si tu veux être heureux... dans 30 ans :-)
Je soupçonne "tous ceux qui veulent te faire sentir que tu n'es rien et que tu n'as rien" d'être bien malheureux le soir, pour ceux qui ne sont pas des pervers. Mais ça ne les excuse pas de leur comportement.
C'est déjà beaucoup de s'écouter. Peut-être bientôt accepter... Puis dépasser...
C'est bien d'en parler sur un forum aussi (j'en sais quelque chose) Lira qui voudra.
Je te souhaite beaucoup de bienveillance.
Commentaire de Khanardô posté le 26-06-2020 à 11:37:02
Celui-là je vais le lire et le relire.
En phase avec toi à 100%, au-moins pour ce qui concerne le stress et le mal-être générés par le monde du travail. J'ai bien dit "le monde du travail", pas "le travail".
Je n'ai rien contre le travail, bien au contraire, je suis même à ce que l'on dit un gros bosseur. Mais le monde du travail, cette noosphère parasitée d'egos malveillants, de pervers narcissiques ou d'êtres bêtement concurrentiels me débecte.
Avant que de faire un burn out, et après avoir fait chier ma famille durant des années à râler en rentrant le soir, entendre qu'après tout je me plaignais pour pas grand-chose (relativise bordel !), j'ai fini par obtenir une rupture conventionnelle et ne bosse plus depuis janvier.
J'ai été abîmé par ce monde du travail, et reste persuadé que mon départ est un gâchis pour tout le monde (même si je sais bien que nul n'est irremplaçable !), ma boîte, moi, les collègues avec qui je travaillais bien...
Alors, oui, quand est identifié le cœur atomique du noyau dur du problème qui te pourrit ta vie sur Terre, tu as le droit d'exprimer ton ras le bol, ta détresse, ton mal être.
Et surtout, si tu en as la possibilité, comme je l'ai eue, tu dois t'échapper par le haut.
Retrouver ta joie de vivre te permet de consacrer à nouveau du temps, de l'amour et tout ce que tu veux leur donner à celles et ceux qui ne peuvent s'échapper de leur sort et auxquels ont fait référence quand on te demande de relativiser. Et ils sont nombreux sur Terre :-(
Commentaire de jpoggio posté le 26-06-2020 à 11:57:36
Voilà une manifestation d'exaspération qui fait du bien, et à laquelle je peux contribuer d'une anecdote personnelle, si vous voulez bien :
Après la détection d'un infarctus en 2015, il y avait toujours quelqu'un de bien intentionné pour me conter l'expérience de telle ou telle connaissance qui avec la même pathologie, avait rebondi avec enthousiasme, se mettant au sport, retrouvant comme une nouvelle jeunesse, et de s'étonner de ne pas me voir joindre cette foule des "born again", incapable de comprendre que les contraintes de la faculté, pour moi, revenaient à arrêter mon sport préféré, que j'étais rétrogradé de "coureur d'ultra" (même médiocre) à "joggeur du dimanche".
"De quel droit te plains-tu", entendais-je, "tu aurais pu mourir..."
C'est cette double peine qui a été le plus difficile à supporter.
Commentaire de Khanardô posté le 26-06-2020 à 15:04:04
Salut Jacques,
tu te souviens certainement de Romain, mon pote de montagne devenu guide et que ton club faisait bosser sur son mur. Il fit il y a une dizaine d'années (il n'avait pas 40 ans) un petit infarctus, avec pose de stents.
Conclusion définitive du corps médical : eh bien voilà, monsieur L...rg, on a fait une très bonne opération, vous êtes guéri ! Bon, bien entendu, vous arrêtez l'alpinisme, mais il y a autre chose dans la vie, on vous fait confiance !
Il venait juste de décrocher sa médaille...
On n'est pas aidé, parfois aussi, quand les médecins te confinent -à tous les sens du terme- !
Phil, désolé par le HS sur ton billet ;-)
Commentaire de Benman posté le 27-06-2020 à 10:14:24
Pour moi, il ne s'agit pas d'être positif à tout prix. Comme tout le monde, je subis des échecs et je galère parfois, mais mon caractère optimiste me permet de mieux passe certaines phases en savourant ce qui fait le sel de la vie: l'amour, l'humour etc... mais je comprends que tout le monde n'est pas fait pareil. La lucidité dont tu fais preuve pour l'avouer est une vertu.
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 28-06-2020 à 18:53:02
Effectivement, l'injonction à la positivité est inutile et contre-productive en phase de descente. Malheureusement, certains médecins ont encore du mal à comprendre les états dépressifs qui ne dépendent pas de la volonté et ont souvent à voir avec des déséquilibres physiologiques qu'ils proviennent d'événements traumatisants ou pas. J'ai déjà eu affaire à des copines en grande difficulté et j'ai appris à ne jamais leur faire la leçon mais plutôt à veiller à ne jamais rompre le contact.
Commentaire de jpoggio posté le 01-07-2020 à 17:37:09
Exactement !
Le coup de pied au cul, force propulsive d'arrière en avant s'il en est, peut parfois être opportun, mais le plus souvent, "on" n'est pas demandeur de solution (souvent, on la connaît, d'ailleurs), juste d'une présence à laquelle pouvoir confier que "ça va pas"...(rôle difficile à tenir, d'ailleurs).
Commentaire de Papy posté le 29-06-2020 à 10:17:35
Sans être dans le positivisme absolu, on apprend dans la méditation à essayer d'être dans la gratitude.
S'il est exact qu'il est bon de se plaindre face à une oreille bienveillante, faire le caliméro n'est pas profitable à long terme.
En effet, pleurer sur son sort c'est se créer des états d’âmes que l'instinct ira chercher dans les moments difficiles.
Regarder la vérité telle qu'elle est, être dans la gratitude des proches et des aimants, permet d'éviter de se juger négativement.
Car, c'est la le souci, ce positivisme appuie sur son sentiment de culpabilité de n'avoir pas réussi comme les "zotres" ou comme son point de vue l'exigeait.
Sinon pour tous les exemples marqués au dessus, n'oubliez jamais que c'est votre vie, pas celle des autres. Oubliez les jugements à l'emporte pièce et faites, en accord avec vos proches et aimants, ce que vous sentez qui fera du bien à tous !
@Capcap parle de bienveillance, c'est la première qualité que l'on doit développer, celle ci enrichit et baisse son taux de "Caliméro" intérieur.
@Khanardo J'ai eu pareil, nul n'est irremplaçable et quand tu vois le "gachis" il faut savoir s'en détacher. Le gachis est un jugement personnel, alors que cela peut être une super réussite pour d'autres. J'y ai personnellement gagné le plaisir de ne plus me lever la boule au ventre en pensant au boulot. C'est déjà énÔrme, tu as du t'en rendre compte... Pour le reste, trace ta voie... Sans jugement externe...
@jpoggio L'infarctus et la pose de stent, immédiatement suivi de positivisme induit et de mise au placard... A oublier... J'ai de nombreux exemples de pose de stent avec reprise de vie normale plusieurs mois après. C'est un accident de la vie comme un autre et si en plus le cœur n'a pas trop souffert, la reprise n'en sera qu'amélioré ! Toujours s'occuper des ses aimants et proches pour adapter son retour à une partie de leur vision, le reste... On s'en ballec', c'est notre vie !
Pour exemple j'ai vu ma mère faire des petits infarctus en Sicile dans la piscine de l'hotel en jouant avec sa petite fille. Je l'ai détecté car les douleurs féminines de l'infarctus sont diffétentes de chez l'homme, se situant en haut du dos p.e. Je ne l'ai pas alerté car sinon cela lui aurait gaché toutes ses vacances, j'ai juste prévenu ma femme d'être prête en cas de malaise.
L'amour et la joie ont transporté ma mère par dessus ses soucis physiques. En rentrant en france, branle bas de combat, une semaine après on lui posait 3 stents. Cela va faire bientôt 2 ans et après une rééducation difficile, j'oblige ma mère à sortir, à retourner à l'aqua gym, à faire des randonnées, à vivre !
Elle à 80 ans !
Je peux vous dire qu'avec les contraintes de l'aidant qu'elle peut avoir, le positivisme induit l'aurait tué (et mon père avec)
Donc mon @Khanardo, ton pote alpiniste, en respectant une graduation, pourra refaire le sport comme il l'entend, s'il est en accord avec son corps et qu'il ne le brutalise pas trop par impatience. Comme mes nombreux amis victime de la même chose... Comme le dernier de presque 70 ans qui 1 an après la pose de ses stents (gros infarctus au retour d'un bike and run) doit faire le Natureman avec la bienveillance de ses médecins.
@Le lutin qui ne fait pas la leçon ?!?!?!? Noooooooon, c'est possible ?
Sérieusement, Tafdak avec ton écrit !
Pardonnez, c'est long, mais je sors du post "preparation mentale" arf...
L'Papy
Commentaire de Arclusaz posté le 04-07-2020 à 18:07:23
Bon, bien sur, ce billet me parle. Contrairement à Benman, je ne suis pas un optimiste sur le court terme, tout me percute, prend des proportions.... disoroportionnées. Donc, le "relativise" ne me sert à rien non plus, c'est ce que j'essaye de me dire et qui ne fonctionne pas. Je traverse en ce moment un épisode de ce type : pour la première fois, j'ai accepté de baisser le masque très tôt, de dire que ça n'allait pas, que j'étais en train d'aller dans le mur. C'est dur pour sa fierté, je viens de passer dans ma boite du statut "d'expert" à "pas fiable". Mais, ce stress que je connais et contre lequel je lutte depuis que je travaille, avec l'âge, mon corps ne le supporte plus. Donc, il faut que je l'accepte. Par contre, en acceptant de le dire et de mettre des mots précis dessus, j'ai reçu en retour beaucoup de bienveillance qui m'ont conforté dans ce que je pense : foncièrement, les gens sont gentils, c'est la vie compliquée qui rend parfois leur comportement "méchant". Et oui, plein de contradiction, je suis un indéfectible optimiste sur le long terme, et cela m'aide beaucoup à remonter.
Commentaire de Lécureuil posté le 09-07-2020 à 08:20:25
très intéressant, le post et les commentaires
Etant un expert du positivisme forcé et tout à fait le genre de type qui débite des "il y a pire dans la vie, tu es en bonne santé etc ", je me rends bien compte que j'ai perdu en qualité d'écoute des autres et pas seulement au bureau ( faut dire que madame écureuil-thérapeute est là pour m'analyser aussi )par détecteur trop ultra sensible de "calimero",de "tout va mal" ou ayant peur de tomber dans la pitié passive à la stendhal.
Le monde du travail est quelque part une dictature du "çà va bien " ( comme bien ironisé dans une vidéo virale récente ) et c'est peut être le revers de la médaille de la mode de la bienveillance car cela empêche de ne pas aller bien et/ou à minima de verbaliser que l'on se pose des questions .
Malheureusement les réseaux sociaux amplifient ceci en dehors du travail puisque sur FB/INSTA et c'est bisounours world obligatoirement bien que version bisounours analphabètes et vulgaires vu le niveau des joutes parfois.
C'est d'ailleurs dingue de se rendre compte qu'à l'heure de l'ultra communication et connexion en permanence, finalement nous nous isolons encore plus derrière nos écrans, nos portes, nos oreillers, il suffit d'observer parfois des jeunes en groupe à table tous sur leur smartaphone.
Le pire et c'est pas moi qui le dit, c'est ma merveilleuse épouse qui heureusement pour vous n'est pas sur kikourou, c'est que parfois les psy eux mêmes n'écoutent plus et par faciité ou habitude prescrivent à tout va par mapping des symptômes. J'ai malheureusement 2 amies qui ont été diagnostiquées bipolaires = médocs à outrances et poison dans le remède comme souvent alors qu'avec contre expertises peut être qu'il ne s'agissait que d'un mal être ou questionnement passagé et du besoin d'épaules et je n'ai pas su être là.
Commentaire de banditblue29 posté le 09-07-2020 à 21:00:55
Ben oui!
Sois positif car cela aurait sans doute pu être pire et qu'en fait, c'est peut-être juste un signal d'alarme de ton corps que tu ne peux plus ignorer ;-)!
Sois positif car cet événement aussi désagréable soit-il t'oblige à prendre du recul sur les choses.
Sois positif car tu es peut-être mieux loti que tout ceux qui te disent d'être positif....
Tu as le droit de râler/ronchonner mais in fine, il en sortira forcément quelque chose de bien.
Bon courage, la force et les clés sont en toi!
Commentaire de philkikou posté le 14-07-2020 à 15:03:05
Merci pour le billet, les commentaires, en espérant que tu sois sur la bonne pente après ton pépin physique et que tu puisses petit à petit reprendre des bols d'air "nature", version bouffée d'oxygène qui nous aide à tenir et nous éloigner de ce monde anxiogène et parfois irrespirable...
Les billets sur le Blog Kikourou : de plus en plus la raison pourquoi je fréquente encore ce site, quatorze ans après l'avoir découvert et arrêté la course à pied / trail (principal sujet du forum Kikourou)... Merci à tous les contributeurs de ce blog ! ;-)
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